Emmélie Adilon : textes et CV

, par jacques

CONSTRUIRE L’APPARENCE Août 2013

Le regard scrute l’instant où l’homme se révèle sans attention pour l’autre mais face à lui-même, dévoilé à peine par le mouvement de l’eau, du vent, un surgissement de l’être, juste avant sa disparition certaine. L’évidence du reflet me hante, telle une reproduction, un portrait apparaît. Ces traces de vie portent en elles interrogation sur l’existence. Perception d’un instant éphémère, ces portraits sont des fragments de l’usager du temps.

La vie est ainsi transcrite par des relevés thématiques et séquentiels, sur un mode quasi-documentaire, lieu de métamorphose de l’humain vers quelque chose de virtuel. Je ne cherche pas à montrer le corps mais l’énergie qu’il dégage et son prolongement dans et avec la matière. La photographie incarne l’idéal de la pensée et témoigne de ce spectacle indicible.

LE TEMPS DE LA PHOTOGRAPHIE
LE TEMPS DE LA PEINTURE

Prise de vie, prise de vue, le réel est surpris dans son état, tel quel. Ces moments, ces traces là de réalité sont immédiatement enregistrées comme preuves de leur existence. « L’importance de la photographie vient de ce qu’elle à l’importance d’un fait » dit William Henry Jackson. J’ai besoin de cette réalité pour construire ensuite un dialogue cohérent, une sorte de renvoi pictural.

Deux temps se confrontent ainsi, celui du temps PHOTOGRAPHIQUE :
Un temps qui révèle et questionne la réalité du monde, une réalité qui se retrouve dans un extraordinaire moment de l’éphémère, de l’instant vécu. De ce quelque chose qui va disparaître aussitôt. La photographie peut tout « avaler », elle agit comme le prolongement de l’œil. Elle décide de capturer la forme, l’idée, que j’ai en tête. La photographie permet l’identification du sujet, du projet même, elle est ce temps témoin d’une quête qui se retrouve dans la peinture et qui en renforce le sens.
Le deuxième temps, celui de la PEINTURE dans l’atelier, est le temps de la mémoire, du geste, de la construction, de l’errance poétique, et du récit. Un dialogue fait de superpositions, de juxtapositions, où la peinture vient interroger la photographie. Elle est une suite nécessaire. Man Ray a dit : « Je photographie ce que je ne désire pas peindre et je peins ce que je ne désire pas photographier. »
C’est un temps décalé du réel, qui cohabite avec le présent par la matière qui la nourrit, évanescence…. Elle me renvoie à l’acte du « faire » comme tout geste répétitif et sensible à la fois.

CV

Née en 1964
emmelie.adilon chez wanadoo.fr
Site internet : www.emmelieadilon.fr/

FORMATION ARTISTIQUE
1983 :
Deug d’histoire de l’art.
Travaille à l’élaboration matérielle de « La grande peinture » de Georges Adilon .intitulée 4.8.84 (laque Glycéro sur papier, 16mètres par 56mètres, 720feuilles de 92x130cm).
1988 :
DNSEP Ecole Nationale Supérieure des Beaux –Arts de Lyon.
1992 :
Aide à la création DRAC Rhône-Alpes
1994 :
Bourse de recherche « entrez les artistes » : Savoir au présent et DRAC Rhône-Alpes. Travaille une année dans le lycée Jacques Brel de Vénissieux, projets réalisés en relation avec les matières enseignées dans ce lycée.
Collabore à plusieurs reprises au montage d’expositions :
Musée de Göppingen, Allemagne.
Centre d’Art Contemporain de Saint-Priest, Rhône.

EXPOSITIONS COLLECTIVES (extrait)
1991 :
Maison des expositions de Genas
Art jonction Nice présentée par la Galerie Antoine De Galbert
Galerie Antoine De Galbert, Grenoble
1992 :
Espace Vallès Saint-Martin d’Hères
1992 :
Galerie Antoine De Galbert
Galerie du Faisan, Strasbourg
1993 :
Galerie Patrick Martin, Lyon
1994 :
Galerie Lola Gassin, Nice
« Un mot pour le dire » Galerie Satellite Paris
1995 :
Chapelle Sainte Catherine, Aix en Provence
2000 :
Art dans la ville, Saint-Étienne
2004 :
« Défilé » Centre d’art de Rousset, Aix en Provence.
« Itinéraire bis » Lyon, Exposition des archives départementales du Rhône,
réalisation en lien avec un patrimoine architectural primé de la région.
2005 :
« De quoi se mêlent-ils ? » n°3 Musée municipal de Romans.

2007 :
Cité scolaire Sembat Seguin et Maison des Arts Plastiques de Vénissieux.
2008 :
Installation pour la Fête des lumières à Lyon : 90 portraits des habitants d’une rue de la Croix-Rousse ; peinture sur film polyester montées sur baies extérieures et installation d’un vidéo-maton interactif avec les passants de la rue.
2009 :
Galerie Caroline Vachet Lyon
2010 :
ART BRUSSEL Galerie Caroline Vachet
2010 et 2011 :
Musée Paul Dini, Villefranche- sur- Saône.
2012 :
« Local Line n°12 » Commissariat Musée d’art Moderne de Saint-Etienne
au Musée Paul Déchelette de Roanne
« Rendez-Vous à L’atelier » Mapra et Région Rhône Alpes
« Une autre Rue » Rétrospective. Cité Sembat Seguin Vénissieux
« Lydia Solanna et Emmélie Adilon » Exposition à l’Atelier

EXPOSITIONS PERSONNELLES (extrait)
1992 :
Galerie Antoine De Galbert à Grenoble
1993 :
« Contemplation » Art 3, Valence
1995 :
Laboratoires Boiron à Sainte-Foy-lès-Lyon
1996 :
« Assemblages » Centre d’Arts Plastiques de Vénissieux
1997 :
« L’histoire en général… » Espace Vallès Saint-Martin d’Hères
« …des lieux en particulier » Galerie Antoine De Galbert, Grenoble
1999 :
Nouveau Palais de justice, Lyon
2001 :
L’attrape - couleur, Lyon
2003 :
« Pour tous ceux et toutes celles… »
Centre d’arts plastiques de Saint-Fons
2006 :
Réalisation d’une oeuvre pour un Abri-Bus, ville de Feyzin
Sculpture en béton, plaques de verre et céramique pour un mur de 14m de long
2010 :
Galerie Caroline Vachet Lyon.
2013 :
« Traverser le fleuve » Maison du Fleuve Rhône à Givors
Résonnance Biennale Art Contemporain de Lyon 2013

COLLECTIONS PUBLIQUES
Ville de Vénissieux et Lycée Sembat-Seguin
Ville de Lyon
Ville de Saint-Fons
Ville de Feyzin, œuvre plastique pour un abri bus, juin 2006

PUBLICATIONS
Regard n° 26,1992
« Assemblages » éditions Paroles d’Aube, Vénissieux 1996
Édition, « À propos de l’installation, Espace Vallès 1997
« Pour tous ceux et toutes celles… », CAP de Saint-Fons 2003
Livre d’artiste : « LE VOYAGE A LOURDES » ed. JC Loubière mars 2010
« Le cours de la rivière » à paraitre 2012.
« Local Line 12 » Paysages Contemporains. Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne

LE COURS D’UNE RIVIERE

50 PHOTOGRAPHIES
50 PEINTURES
50 NOTES ECRITES AU FIL DE LA MARCHE, AU BORD DE L’EAU

L’été 2010, j’ai marché le long d’une rivière du Forez, le Lignon, de sa naissance jusqu’à sa chute dans la Loire.

Œuvre à trois voix : photographies, peintures et notes écrites, à partir du texte d’Honoré d’Urfé, L’Astrée, première histoire d’amour de la littérature baroque, situé au bord du Lignon.

50 PHOTOGRAPHIES
Des fragments du texte d’Urfé écrits sur bandes de tissu, ont été déposés à chaque kilomètre de l’itinéraire et ont dérivés au fil de l’eau. Les photographies témoignent de cette dérive.
Ce fut une promenade singulière, rythmée de loin en loin par la répétition de ce geste, à la fois hommage à un récit ancien mais toujours aussi incisif et prolongement de mes recherches autour des pièges optiques de l’eau.

50 PEINTURES
Les fragments de phrases inscrits sur tissu, fabriquent cinquante peintures sur papier et technique mixte, de 50 cm de hauteur sur la longueur de la bande de 45 cm à 95cm.
A partir de l’expérience vécue, les peintures sont traces et mémoires en décalage, un conservatoire mémoriel. Les deux propositions (peintures et photographies) forment ce que j’appelle une expérience double.

UN JOURNAL DE MARCHE
50 fragments d’écrits se sont constitués au fil de la marche.

Travail présenté lors de l’EXPOSITION LOCAL LINE 12
PAYSAGES CONTEMPORAINS
MUSEE PAUL DECHELETTE DE ROANNE (COMMISSARIAT MUSEE D’ART MODERNE DE SAINT-ETIENNE) AUTOMNE 2012
Projet d’édition en cours.

« TRAVERSER LE FLEUVE »
Emmélie Adilon Peinture, Photographie, Film
Pascale Clavel Son
Maison du fleuve Rhône
Du 21 septembre au 20 décembre 2013 à Givors

Dans le cadre de Résonance Biennale d’Art Contemporain 2013.
Avec le soutien de la Compagnie Nationale du Rhône.

Le projet « Traverser le Rhône » propose une lecture quasi géographique d’un territoire, à travers les gens habitant au bord du dit fleuve, comme les gens de passage, ou ceux qui traversent le fleuve. Présence qui semble fragilité ou éphémère rencontre. Il n’y a qu’à voir et entendre, ce sont des récits
anonymes, des individus qui tracent leurs chemins, leurs errances, et la mienne est un reflet.
Il n’y a pas d’effets, pas de commentaires non plus, il y a juste la matérialité d’un espace en mouvement perpétuel et des personnes qui tentent de franchir cet univers-là, paradoxalement parfois presque infranchissable. C’est l’écoute comme la patience du regard qui nous renvoient à nous-même.
Je traduis le temps, un déroulé magique pont après pont. Moment pour se familiariser avec lui le fleuve, son mouvement d’eau perpétuel, et c’est un portrait à sa mesure, sans cesse en bougé. Dix-huit traversées du fleuve Rhône, formant des micro-voyages au-dessus de l’eau, de Lyon à la mer Méditerranée, d’une rive à l’autre, par les ponts de Lyon, Givors, Vienne, Condrieu, Serrières, Andance, Saint-Vallier, Tournon, Valence, Charmes, La Voulte, Le Teil, Viviers, Donzère, Pont Saint-Esprit, Avignon, Tarascon, Arles …
Chaque traversée est un objet unique, associant trois formes d’expression : peinture et technique mixte, avec photographie, film montré sur tablette numérique et mise en sons par Pascale Clavel. Chaque traversée est aussi en résonance avec les autres.
La peinture. Geste délibérément induit par l’eau, sa couleur et sa matière, elle révèle à sa façon le fleuve, immense aquarelle. Une forme de mémoire des lieux, des histoires qui se sont déroulées, se tissent en filigrane. Des photographies sont associées à ce dispositif peint, elles proviennent des archives de la Maison du Fleuve Rhône de Givors et d’archives personnelles.
Le film reflète la dynamique du fleuve, fait état des lieux, conscience du paysage, augmenté par le vent furieux, les camions voitures ou tracteurs qui font tressauter la caméra. Mais elle suit fidèle malgré tout les traces de ce réel, qui déborde, tourbillonne, enlace, reflète et renvoie.
La dimension sonore. Elle est « musique du paysage », la formule d’Eisenstein reconduite ici comme réplique à la vision narrative du déplacement filmé. Forme imaginée par Pascale Clavel, qui, à la manière d’un chasseur de sons, va prendre toutes sortes de matières sonores liées au travail d’Emmélie Adilon, et créer un environnement musical pour chaque oeuvre comme pour l’ensemble.
Je suis une "immergée" spectatrice de ce monde, et la répétition des gestes ou des approches sur les sites me plait et m’enivre. Là un rythme s’installe. Voir, entendre, marcher, sont les moyens mis en place. Je cueille les sensations, j’appréhende le réel, puise dans les traces du temps qui passe, dans
l’écoulement. La direction choisie se déroule sur un tapis d’eau depuis le Nord vers le Sud.