Les techniques d’Akira Inumaru

, par jacques

Akira Inumaru possède une technique de peinture et de dessin hors pair, mais ce qu’il aime avant tout c’est combiner les techniques et interroger ses sujets. Depuis son arriver en France, il a mis au point ce qui est a la fois une technique et un mode de réflexion : les Distillations solaires.

J’ai apprivoisé le soleil

Après avoir dessiné avec maestria, il continue son dessin en utilisant l’énergie du soleil. A l’aide d’une loupe, il va brûler la première couche du papier afin qu’au travers le trou que le soleil a dessiné, des couleurs apparaissent.
Dans un premier temps, il voulait porter la lumière au coeur des ombres, mais très vite, il s’est rendu compte que son travail de brûlure n’était en rien destructeur mais au contraire procédait comme la photo synthèse. La photosynthèse est ce phénomène bioénergétique qui permet aux plantes de grandir grâce à la lumière du soleil. La beauté des fleurs, la magnificence des pétales et des feuilles sont le résultat de l’ensoleillement.
À l’aide de sa loupe Akira Inumaru invite le soleil à agir sur ses dessins. Du noir et blanc, par la brûlure de premières couches de papier, la plante prend ses couleurs et s’illumine. Par ce processus Akira Inumaru réfléchit au-delà de l’œuvre, aux mécanismes de la nature.Il invite à s’interroger.

Série Portrait des plantes

Les fuchsias sont parvenus en Europe au XVIIe siècle en traversant l’atlantique. Ramenés de Saint Domingue, ils ont très vite été en vogue pour leurs étonnantes qualités décoratives. Ils peuvent prendre toutes les variantes du pourpre, se vêtir de blanc ou virer à l’orange.
Un portrait, c’est une rencontre, un dialogue par l’observation, et un long travail pour comprendre et mesurer l’identité de celui qui est en face.
Akira Inumaru observe longuement ces fuchsias avant d’en proposer ce qu’il crois être de vrais portraits où il a cherché à percer ce qui caractérisait leurs présence proposer ; non pas comme végétal, mais comme être. Après le dessin, il s’agit d’organiser sa rencontre avec le soleil, qui pour lui est ramener la plante à son contexte de naissance, ce qui n’est pas non plus une simple affaire, et n’a rien à voir avec la production graphique d’une image.
Sur le double pouvoir du soleil, permettre la vie, mais aussi la détruire.
Voilà un acte artistique neuf qui fascine celui qui regarde et pousse à la réflexion. Apprivoiser le soleil, c’est le projet d’Akira Inumaru. La portée d’une telle action est à la fois citoyenne, morale et dans son cas, artistique avant tout. Faire naître de l’énergie solaire – a priori menaçante – une forme de beauté nouvelle.

Série Expérience d’Icare

Pour cette action, qui poursuit mon interrogation sur le « saut », j’ai souhaité évoquer Icare.
Plutôt que de coller des plumes pour me fabriquer des ailles, j’ai pensé que l’ombre seule des plumes sur mon dos ferait l’affaire. Cette performance a produit des vidéos, une série de photographie et une suite d’œuvre sur papier, mêlant le dessin à la technique que j’appelle « Distillation solaire », où l’utilisation de la chaleur du soleil pour dessiner prend ici tout son sens, n’est-ce pas le soleil qui a fait fondre la cire des ailes d’Icare, produisant sa chute ?
(Akira Inumaru)