D’où viennent la réputation et le succès de Patrice Giorda, à Lyon et bien au-delà ? Comme chez les grands artistes, c’est indéfinissable et multiple. Mais devant ses toiles, on ressent une émotion, comme un frisson particulier. Même quand le peintre choisit un prétexte profane, un banc, une chaise, une coupe, un paysage… il nous amène vers le mystère, vers le sacré.
Quel que soit le sujet, Giorda invente du sacré. Il n’est pas question ici de religion, mais d’une figuration qui nous projette au-delà du visible, comme derrière le miroir, dans une humanité suspendue, brutale mais réconciliée. Alchimie mystérieuse : des oppositions fortes de lumière et d’ombre, des couleurs toujours vives et contrastées qui nous bouleversent. Il puise au fond de lui-même des formes, des images, des transgressions qui constituent un style personnel en accord avec sa vie intérieure. Alors « le visible est la trace des pas de l’invisible » (Léon Bloy)
Il est difficile d’être plus peintre que Patrice Giorda, plus intégralement peintre, comme par nécessité intérieure. Peintre figuratif – dans un sens qui le relie pleinement à l’histoire de la peinture, on pense à Van Gogh – son propos n’est pas la figuration du monde, mais sa transfiguration par un code pictural, un langage personnel qui est l’aventure même de son art. Il le dit clairement : « le sujet de la peinture a toujours été la peinture ».
La Collection de la Praye présente une série d’œuvres récentes et emblématiques de Patrice Giorda. Elles illustrent à la fois la continuité et l’approfondissement de son travail, et l’actualité d’une figuration novatrice chargée de sens.