Trois jeunes artistes célèbrent « la fluidité, la substance, les mouvements » de l’air et de l’eau, éléments structurants s’il en est des lieux et parcours de l’homme. Leurs œuvres sont réunies en référence au corpus hippocratique fondateur de l’écologie humaine, née sur l’ïle de Cos. Et par elles la nature éphémère, mouvante et vibrante est contemplée, analysée, magnifiée : ciel, mer, rivière et fleuve. Trois dialogues singuliers et intimes avec les éléments, contemplations narratives, engagements sensibles, cartographies de territoires parcourus, utilisant peintures, lavis et photos. « L’éphémère n’est pas le temps mais sa vibration devenue sensible » écrit Christine Buci-Glucksmann à propos de l’une d’entre elles.
C’est un clin d’œil qui vient de loin !
Les œuvres d’Anne, Christine et Emmélie nous emmènent au cœur de la matière même de la nature : espaces et courants aériens, fluides réverbérants, insaisissables et mouvants, notre regard va du ciel à l’eau dans des clignements de lumière, appels à l’immersion, aux plongeons comme ceux des enfants d’Emmélie. Art et eau font bon ménage : vous le verrez en parcourant le N° 12, été 2006 de l’excellente revue area [50, rue d’Hauteville, 75010 Paris].
Inévitablement Hippocrate (né en 460 avant JC) m’est revenu en tête et à la bouche. Je l’avais croisé comme médecin fondateur et éthicien. J’ai même prêté son serment. Mais je n’oublie pas que lui-même ou plutôt son école (fils, gendres, élèves...) ont fondé par un même ouvrage, l’anthropologie et l’écologie. Jamais avant eux on avait pensé les affinités secrètes qui unissent l’homme, la société et son environnement naturel. Airs, eaux, lieux est cet ouvrage, à la fois scientifique et poétique, où est appelé l’équilibre de l’homme dans la nature, condition nécessaire à son bonheur et à l’harmonie du monde.
" Avec Airs, eaux, lieux, l’un des traités les plus célèbres et les plus admirés du Corpus [hippocratique], la médecine s’élargit à l’ethnographie et à l’anthropologie. Il s’agit d’un texte fondateur à bien des égards, puisqu’on y trouve la première réflexion globale sur les différences physiques et morales entre les peuples, la première formulation de la théorie des climats, la première attestation de l’opposition entre nature et culture, autres exemples, si besoin en était, de l’exceptionnelle richesse du Corpus". in Présentation - Hippocrate L’art de la médecine. GF Flammarion, 1999.
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Emmélie Adilon
Anne Commet
Christine Jean