Charlotte Limonne vit et travaille à Meyzieux (69). Elle a soutenu une thèse en arts plastiques à l’Université de Saint-Étienne [L’œuvre-enveloppe. Essai sur les devenirs-interface de l’oeuvre plastique en sculpture et dans les arts textiles]. Elle y donne également des cours. Elle se consacre essentiellement à la sculpture et à des installations. Elle travaille avec le textile pour réaliser des pièces qui interrogent les rapports que nous entretenons avec notre corps, les autres et l’environnement. Elle participe au groupe Trame de soi.
"Heidegger considère que la pensée a deux essences. L’une est la méthode et l’autre, le chemin. Ces deux termes désignent deux orientations opposées. La méthode caractérise une pensée qui calcule, tandis que le chemin est plutôt une pensée qui médite. Ces deux modalités, dans l’exercice de la pensée, permettent aussi deux manières distinctes d’aborder l’espace, le temps et le monde. Si, dans notre société actuelle, la pensée méthodique est souvent privilégiée, Charlotte Limonne se propose de suivre une pensée qui chemine. Cette pensée est un fil, une pelote que l’on dévide : une idée menant à une autre, et une autre encore, suivant le jeu infini des correspondances. Toutes ses idées-fils se croisent et s’entrecroisent pour former dans ses recherches plastiques un réseau complexe de significations, propice aux interprétations multiples, comme aux collaborations.
"Les mélanges de techniques sont employés pour renforcer cette vision d’un monde sans limite précise, flou, en perpétuel mouvement et mutation, où les corps se mêlent au décor, où l’intime et l’universel se fondent. La perte de repères (qui sont aussi des repaires…) est, selon l’artiste, le meilleur moyen de renouveler notre regard sur le monde.
"Cette question du regard est omniprésente dans ses derniers travaux. Charlotte Limonne aimerait que grâce à ses œuvres chacun s’interroge : Que regardons-nous ? Que voyons-nous face à un corps ? Et face à une œuvre d’art ? L’artiste souhaite capter le regard du spectateur et retenir son attention. La parure a probablement un rôle similaire, comme cette « cuirasse », à la fois protectrice et objet d’apparat, qui semble conçue pour tout à la fois cacher le corps et le montrer dans toute sa puissance. Le filet dont elle est constituée, évoque celui dont on se sert à la chasse et à la pêche. Il est ici, une nasse, un piège pour le regard qu’il attire entre ses mailles.