Pierre Souchaud : Textes et CV

, par jacques

CV

Contact : p.souchaud chez artension.fr
Né en 1938 en région parisienne. Enfance dans la Poitou. Enseignant (maths et sciences) à Poitiers jusqu’en 1976. Amorce une carrière de peintre en 1967 avec une exposition personnelle à la galerie La Roue à Paris, préfacée par Jacques Lassaigne, et une participation à la Biennale de Paris ( non loin du groupe BMPT dont il trouve alors la démarche plutôt sympathique…). Nombreuses expositions et salons. Achats par Le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et par le Musée des Beaux-Arts de Bordeaux.
Intègre en 1981 l’association d’artistes Artension créée à Poitiers avec l’arrivée de Mitterrand. S’implique de plus en plus dans la publication de la revue du même nom à diffusion régionale jusqu’en 1986. L’association lui donne mandat en 1987 pour développer le titre avec un éditeur de Rouen. Artension acquiert alors une audience nationale, mais, crise oblige, doit cesser de paraître en 1992.
Relance personnellement le titre à Lyon, en 2001, avec le soutien de nombreux artistes et galeries. Il en est le directeur de rédaction et de publication jusqu’en juillet 2009, date à laquelle il le vend à Jean-Luc Poncin du groupe de presse Martin-Médias.
Aujourd’hui retraité de l’enseignement et de l’édition, il replonge dans sa peinture (plutôt abstraite), tout en collaborant encore à Artension.

A la source du regard (Martin Rey)

Quel est le sujet du peintre ? Quelle est sa raison – ou sa déraison – de peindre ? Qu’a-t-il à montrer, à représenter, à donner à voir ? A qui , pourquoi, comment ? Autant de questions sous-jacentes à la peinture de Pierre Souchaud et qui semblent être le moteur de sa quête de peintre.
Montrer quoi ? Certainement pas la virtuosité du peintre, ni quelque « talent », savoir, modernité, ou supériorité physique ou mentale quelconque, mais plutôt qu’il existe une interrogation de fond à se poser sur l’objet même de la peinture,…avant de le trouver.
Pas une interrogation théorique ou intellectuelle, mais une question à résoudre par la voie pratique, expérimentale, totalement physique, matérialiste, sensuelle et sensible. D’où vient la peinture ? Qu’est-ce qu’elle exprime ? et qu’est-ce qui fait que ce qu’elle exprime est senti ou compris par le regardeur ?
Sans sujet, sans objet, sans artifice , sans discours ou justification extérieure à elle, totalement nue et démunie, la peinture de Pierre Souchaud, veut aller à la source du regard, veut expérimenter la relation directe à celui qui la voit, sa compréhension immédiate hors histoire et au-delà de toutes références explicatives. Elle veut solliciter l’Etre-même de la peinture en approchant les mystères des mécanismes de la fascination.
Ses paysages intérieurs, ses architectures sensibles, ses sortes d’ équilibres subtils entre la raison et la sensualité, qui apparaissent miraculeusement, dit-il, quand il va au plus profond de lui-même, sont des « portes étroites » largement ouvertes, comme des évidences partageables entre tous.

Pierre Souchaud, peintre (Christian Noorbergen)

Chez Pierre Souchaud, l’univers du dehors s’agence comme un puzzle immense. Des pans de fragile étendue chromatique, vastes et puissants, s’interpénètrent en un tout dynamique, émouvant et mouvant, dense et instable. Tout pourrait basculer vers un autre éphémère, vers un autre possible. L’incertitude ose dire les saisissements du mystère, et l’étrangeté neuve du monde. Pierre Souchaud n’aime les mortes réponses de la triste raison, ni les piètres victoires des apparences.
L’univers vital ne tient pas en place. Pierre Souchaud ignore l’immobilité mortifère. Ce qu’il saisit est toujours en constante gestation. Art sans cesse métamorphique où le vocabulaire resserré crée des rythmes profonds, où les formes créées se touchent, s’inquiètent, s’auscultent, et s’étreignent.
Sobres et assourdies, les couleurs creusent toute surface, et s’éloignent vers l’insondable. Méditatives, elles ne vont pas au-devant du spectateur. Elles tiennent grandement aux voiles diffus de l’existence. Dans ces vives peintures, le dehors et le dedans se rejoignent, et le monde pictural naît de ces embrassements.
La matière, subtilement travaillée, tient du parchemin d’âme, et de peau lointaine aux sombres plis indéfinis. S’il y a paysage, verticale et abstrait, le corps profond en serait l’horizon caché. Sur fond de douces ténèbres, couleur de vieille terre et de boue intime, surgissent de claires fenêtres chromatiques, fines clartés qui ensemencent l’espace.
Tout bouge, dans cette fine érotique d’univers. Pierre Souchaud a saisi l’instant magique d’un miracle spatial et humain, où les soubresauts de la chair secrète épouseraient les mouvements profonds de l’univers.
Une souterraine sensualité anime l’œuvre tout entière. Les espaces se pénètrent en picturale et secrète extase. Coït cosmique, aux limites du tragique et de la volupté.