L’utilisation de la laque est au cœur du savoir-faire millénaire des artisans et décorateurs de plusieurs pays d’Extrême-Orient pour les ustensiles rituels ou quotidiens, ou encore les paravents. Mais ce sont les artistes du Vietnam qui s’en sont saisi pour le transformer et en faire un médium essentiel de leur propre modernité par la peinture à la laque. Cet art si particulier n’est pas assez connu en dehors du pays qui l’a vu naître et de collectionneurs avertis, mais cela doit changer…
La technique de la laque
C’est une technique qui repose sur un savoir-faire délicat, demande un temps long pour sa réalisation optimum : sélection et préparation des panneaux de bois, application de couches successives de laque (matière sécrétée par certains végétaux, rigoureusement sélectionnée et préparée), multiples polissages qui révèlent les images sous-jacentes, introduction de couleurs, de poussières ou de feuilles d’or et d’argent. Cet effort de brossage, de frottage, de brunissement demande aux artistes un temps considérable : des mois, voire des années…
Le développement de la laque moderne et contemporaine
C’est à partir des années vingt que s’affirme la modernité artistique vietnamienne. Deux impulsions principales : l’ouverture des jeunes artistes vietnamiens aux expressions artistiques de leur temps (en France et au Japon par exemple) et le soutien pédagogique de l’École supérieure des beaux-arts de l’Indochine, fondée à Hanoï en 1925, à l’époque de l’Indochine française (avec des enseignants remarquables tels Victor Tardieu, Nguyen Nam Son, Évariste Jonchère). La prise en compte du patrimoine artistique traditionnel y était encouragée. Très tôt des artistes vietnamiens de grand talent ont émergés à partir de Tran Van Can et Nguyen Gia Tri qui ont expérimenté de nouvelles approches sur le plan artistique et technique. Leurs œuvres sont en bonne place au Musée des Beaux-Arts de Hanoï. La recherche d’une pure beauté de la nature humaine et végétale fût au cœur de leurs travaux et de ceux de leurs nombreux successeurs aux époques troublées du Vietnam et aujourd’hui. A côté d’autres thèmes, les silhouettes de jeunes femmes élégantes en Ao dai, celles de luxuriantes plantes et fleurs tropicales sont récurrentes et émouvantes. Lai Thanh Dzung est l’héritier de ce magnifique effort créatif. Son œuvre rayonne de lumière avec une mise en page qui parle immédiatement aux regards contemporains.
Pour en savoir plus sur l’art de la laque au Vietnam grâce à Kerry Nguyen Long lire