Pour Agnès Bracquemond, la pratique de la sculpture est concomitante à une quête spirituelle. Celle-ci s’enrichit de ses recherches plastiques et expressives ; en témoignent ses œuvres récentes. La figure humaine, sa référence obligée, s’accompagne depuis quelques temps d’une tortue, une présence formelle qui réactive la dialogue tissé entre les formes et l’espace, l’équilibre et les rythmes dégagés par des figures en apesanteur. Un jour, le crâne collé contre la cuisse de la figure de la Madeleine s’est transformé en une carapace de tortue. Calotte sphérique identique, plus sereine, mythiquement liée à la Terre et à la voute céleste, symbole d’éternité. Un jeu plastique s’établit entre les propositions d’attitudes. La figure humaine chevauche la carapace démesurément agrandie ; à califourchon, elle interroge cette architectude béante, ou bien encore, elle est assise en position de lotus. A chaque fois, il s’agit d’interroger les formes, comme précédemment avec la série des "portés". L’équilibre sur la Figure sans poids, prête à s’arracher de la carapace comme aspirée par une verticalité impérieuse. C’est avec la terre crue mélangée à des éléments végétaux qu’Agnès Bracquemond élabore son humanité vibrante dont elle suspend les points dans l’espace jusqu’à la saisie de l’équilibre. Agrandie, l’esquisse se transpose à partir d’une armature de fer qui donne du corps au corps, de la vie à la terre, qui se durcit en séchant. Cette nouvelle vanité convoque la vie. Des dessins et des gravures accompagnent les sculptures.
Lydia Haramborg