Je suis un artiste puridisciplinaire de 36 ans, issu d’un parcours académique qui passe par l’étude du dessin, les beaux-arts, la sociologie et le cinéma.
Je travaille avec le temps, la lumière et la perception du sujet dans l’espace-temps. Je considère l’expression plastique comme l’extension d’une pensée ouverte. Je n’envisage donc jamais un medium en fonction de mes restrictions techniques mais en fonction de la théorie/idée invoquée.
Mes recherches ont débuté avec un travail interrogeant le sujet dans l’espace transitoire au début des années 2000 (série Landscape people). ainsi, J’utilisais les moyens de transports publics comme le bus ou le train, et la marche à pieds, pour dresser une cartographie géographique et humaine inventée : après avoir pris des portraits volés dans la rue, Je posais cette question unique à chaque individu photographié (dans la langue du pays traversé) : “Quelle est votre phrase du jour ?” puis je consignais les réponses sur mon carnet de voyage en précisant la date, le nom de la personne et le lieu de la rencontre. voyageant en inter-rail, je filmais aussi lors de ces voyages le paysage transitoire à grande vitesse, tissant ainsi un lien entre les rencontres humaines et les paysages traversés.
Ce travail avait déjà un caractère performatif, caractère qui se retouve aujourd’hui dans les séries Women Lightscape et Dancing Leaves commencées en 2008.
Les deux work in progress se trouvent avoir autant de connivences avec le chamanisme qu’avec la science.
-avec le chamanisme, lors de cosomoplite #1, expérience mystique guidée par un shaman dans l’état du Chiapas.
-avec la science, de l’instint scientifique, j’ai croisé la parole du scienti- fique pour découvrir et prolonger mes recherches plastiques.
LE TEMPS ET LA LUMIÈRE
La lumière et le temps revêtent une importance majeure dans mon travail (sur le fond et sur la forme), notamment parce que j’en passe par la performance et la photographie. L’étymologie du mot « photographie » est d’ailleurs de « peindre avec la lumière », cette notion liée à la propriété même de l’action de photographier est utile pour accéder à une lecture sous la surface du miroir (voir sculpture Vénus au Miroir).
LA TECHNIQUE
Je ne souhaite pas jouer d’artifices extérieurs à la prise de vue (séries Women Lightscape & Dancing Leaves) et réalise une seule longue pose par photographie. Le dédoublement des corps et des plantes est obtenu par une orientation minutieuse de la source de lumière autonome.
LES ŒUVRES
En se chargeant de lumière, le corps (Women Lightscape) ou la plante (Dancing Leaves) vibre, et s’étire dans une temporalité revisitée. Car une à plusieurs minutes de temps de pose sont nécessaires pour que l’action existe. Dans les fragmentations et les transparences, le sujet quitte l’instant fugace pour laisser des traces pérennes en rayonnant sur son environnement. Il ne s’agit pas de saisir un moment photographique mais d’explorer un intervalle où notre existence – ou plutôt notre conscience d’être au monde – est à repenser.
WOMEN LIGHTSCAPE
Women Lightscape est une évocation concrète d’une réalité en marge de notre perception. La femme est un sublime prétexte à la mise en perspective de cette réalité quantique. Je cherche dans cette membrane, dans ce que les scientifiques appellent le « tissu », les aspérités qui ouvrent le miroir, qui donnent à voir. Le sujet photographié est plongé dans l’obscurité. Sa conscience de l’acte performatif est ainsi altérée et elle sort de sa position de sujet ou de modèle pour laisser place à l’être (elle est déréifiée). De 2008 à 2011 La série Women Lightscape est réalisée uniquement chez les participantes.
Women Lightscape pourrait même être considérée comme une série d’autoportraits (oniriques) car je suis moi-même physiquement à l’intérieur de l’image en formation (physiquement présent mais invisible car non mis en lumière), obturateur ouvert, lorsque je me déplace dans l’espace pour éclairer à la fois sujet et environnement.
DANCING LEAVES
Dancing Leaves est une série commencée en 2009 dont le travail est toujours en cours. J’attends la nuit noire pour arpenter des jardins, des bois ou des forêts. Armé de ma lampe torche, je pars surprendre les plantes dans leur transe invisible. Comme dans la série Women Lightscape, commencée alors un an plus tôt, j’élabore intégralement les
photographies pendant la prise de vue sans trucage. Ainsi, les dédoublements et les transparences de l’image résultent d’une maîtrise technique qui se joue sur place avec un temps de pose long.
En pleine nuit et en pleine nature, chaque plante bénéficie d’un coup de projecteur : elle se retrouve isolée de son environnement, et ses couleurs, qui ne sont plus délavées par la lumière du jour, semblent plus spectaculaires qu’à l’ordinaire. Elles nous apparaissent presque artificielles. Tantôt éclatantes, tantôt inquiétantes, ces plantes nous renvoient aux visions fugaces d’images vues en rêve.
Dans cette série, j’ai décidé de décliner chaque plante dans un caisson lumineux qui accentue le sentiment d’une présence vivante. Sortie de son contexte naturel et placé dans cet écrin de lumière, elle jaillit toujours de l’obscurité comme au moment ou elle fut photographiée.
WHITE LIGHT
White Light est une vidéo courte de 4 minutes 44 secondes. On y distingue une figure humaine se déplaçant dans une tempête de neige et luttant contre les éléments jusqu’à s’y fractionner et s’y confondre. Ce plan séquence à été filmé dans le cercle polaire. J’ai réalisé le montage en retournant certaines parties du plan séquence. Cette vidéo condense plusieurs réalités étendues (étirées) dans le temps qui viennent parfois à se rencontrer ou à se confondre les unes aux autres. La bande son est un travail avec les bruits du vent capturé dans des congères, la “musique” d’aurores boréales, des explications de scientifique sur les forces de la nature (explication mixées, retravaillées sou- vent à l’envers).
RÉALISME QUANTIQUE
L’un des piliers de cette science d’avant-garde mentionne que l’on peut exister à plusieurs endroits au même instant et que tout est une question d’échelle. A l’échelle humaine ces phénomènes ne sont pas perceptibles dans notre vie quotidienne.
On ne peut construire des images que par analogie avec ce que l’on connaît. L’image serait à la fois le fruit de nos gênes (mémoire profonde) mêlé à nos expériences de vie. Comme le montre l’expérience du « chat de Schrodinger », si l’on ne peux observer une action (le chat est caché dans une boîte) alors celle-ci se produit en continue, de manière homogène et indivisible. Elle marque un état « transitoire » perpétuel tant que l’observateur n’a pas fait basculer par son observation vers une fin ou du moins une suite d’évènements dans le temps. Est-ce que cela indique que le temps se fige en quelque sorte lorsque l’observateur ne peut voir ?
Ma recherche autour de la défragmentation du réel m’a valu le surnom de « réaliste quantique ».
DOGMA
Une action seule n’est pas perceptible. Pour qu’il y ait réalité, il doit y avoir flux, échos, résonance, double, rencontre et échange. Dans la série Dogma, débutée en 2010 à Hong Kong, je recherche dans le réel des interactions sensibles, orchestrées, sans être mises en scène de manière fictionnelle. Ceci est représentatif du « théâtre de la vie », de l’anti-Jeff Wall en somme. Cette série est sans doute née de la rencontre entre mon expérience de photo-reporter pendant plus de dix ans et de mon travail artistique.
Si le virtuel ne se réduit pas à un décor, s’il relève non pas des mondes possibles mais d’un régime particulier du réel lui même, il y a lieu de se demander dans quelles dimensions il se déploie, mais aussi quel type de connexité lui convient, et enfin comment il se raccorde à notre espace-temps familier.
Question de topologie, plutôt que d’ontologie. Question inséparable du souci de dégager, sous le régime de la fiction, les formes d’une expé- rience sensible.
RECHERCHES EN COURS
Le point de départ d’Humanoïde 01 Recherche de l’altération de l’espace plan du papier par plusieurs trames successives d’encrage : devant la feuille blanche, une écriture automatique qui va déterminer des contenus organiques, viscéraux. L’écriture automatique et la recherche autour du « hasard » et de l’acte spontané sont un point de départ dans l’élaboration formelle du dessin.