Ciesla à sa manière est un chamane. La mort elle-même échoue dans l’œuvre comme la structure d’une épave. Quant à l’existence elle se développe sous forme de mouvements sourds complexes ou premiers. L’artiste cherche une sorte de sublimation dans une époque où souvent ne se conjugue que le mou et le rien. Il a compris que pour faire surgir les ombres blotties dans l’homme, pour faire jaillir un sens noyé dans le silence il faut sans cesse faire oeuvre de re-déploiement.
L’artiste utilise matières, techniques (parfois expérimentales) pour rendre encore plus riche le contenu « abstrait » qu’il rapproche ainsi du réel d’où il est sorti. Ciesla possède la technique, le regard et la sagesse pour souffler sur les braises du magma des formes afin de leur donner consistance et nous rafraîchir la mémoire. C’est par le feu de ses métamorphoses qu’il cherche à unir ce qui est séparé : le soleil à la terre comme le jour à la nuit, le sommeil à l’éveil, comme la mort à la vie, le concret et l’abstrait.
Certes l’artiste ne connaît pas l’intention de ce qu’il nomme le "feu" : mais il se bat avec entre maîtrise et hasard puisque ce dernier fait parti du jeu. Il ose avancer dans l’inconnu. Toutefois il demeure ni somnambule ni amnésique et il n’oublie jamais ce qui lui manque. S’il est encore séparé de lui-même, son travail - parce que ce n’est pas un simple labeur - est une autre vie au coeur de sa propre existence : il tente de saisir le secret de son “ double ” (qui est aussi le nôtre). Il laisse toujours la part belle en ses approches aux accidents de parcours. Le tout est de savoir les sublimer.
Ciesla le fait.
Jean-Paul Gavard-Perret