Mylène Besson et le corps ou le graphite de l’inconscient

, par jacques

Mylène Besson pose de manière abrupte la question du corps, de sa nature et de sa signification. Sur d’immenses supports les figurations surprennent et déroutent. Tout se joue entre le corps de la souffrance et celui de la jouissance. Ni l’une ni l’autre ne sont vraiment fixées. Il existe une place pour diverses reconstructions : la beauté, la laideur, la pose, le mouvement au-delà des fantasmes.
L’artiste n’est ni dans la performance (même si elle travaille le plus souvent à partir de son corps), ni dans la pornographie ou le réalisme. Le corps couché sur le support est privé, intime. Expérimental il n’a aucune chance d’avoir accès à la jouissance en l’absence du regard de l’autre (témoin ou récepteur). Seule la trace du désir le réinvente.
Mylène Besson inscrit et recueille l’impossible du corps voire son impensable. Au sein de ce qui pourrait sembler une étreinte amoureuse l’être sort d’un lit nuptial froissé d’amour : il est au prise avec sa solitude. La plasticienne y découvre une vérité par le dessin. Le graphite, prolongeant sa main, enregistre, gratte, creuse, affleure, caresse, macule, relance le trait. Il reste condition et medium de l’inconscient.
Dans une démarche poursuivie depuis quinze ans le transfert du corps de l’artiste par sa re-présentation sur le support devient « anticorps ». En émane une séparation de la chair mais pour en réinventer d’autres grâces, nuées, grandeurs et petitesses par appétits ou frustrations. Surgit l’envie de renaître au plaisir rare de l’intemporalité corporelle.
Mylène Besson engage cette lutte pour tenir le pari du désir au sein même de l’effacement du sujet de la jouissance. L’art le remet ici paradoxalement en cause, témoignant de l’âpreté de l’affrontement entre corps du désir et désir du corps, entre passé et avenir dans l’éternel suspens du présent.

JPGP