Quelques poèmes de Jean Raine

, par jacques

La pensée difficile [1]

la main parle
la main chante
elle est l’ombre de son geste
elle est l’ombre de la voix
je te cherche autour de toi
je fais le geste de te voir
sans regarder
je prends le temps de tout te dire

Femme en solde [2]

à la mémoire de René Magritte
Je suis bleue je suis verte je suis nue
le plaisir pèse sur mes seins
l’éclat de mes couleurs la nuit dans le jardin
découvre à mon regard les feuilles de leur espace
et l’ombre se déchire aux biseaux de ma voix
prison chaine de bras
l’élan vers le rivage
mon cap conserve en toi pareil au tournesol
que la torpeur accable
la nuit est un enfant éloigné de ton sein

Finalité [3]

Le premier jour, Dieu créa le trottoir ; le deuxième, il créa la crotte ; le troisième, déjà prévoyant l’avènement de l’homme, il créa en vitesse le chien.

Notes

[1Douze poèmes d’amour (1957)

[2Pertes et profits (1970-72)

[3Pertes et profits (1970-72)