Le principe de la radicalité est d’être indécodable par les contemporains.
Dix ans après la mort de JEAN RAINE, l’oeuvre ne doit plus être envisagée en
fonction de ce que fut l’homme mais pour ce qu’elle véhicule. L’heure n’est-elle pas
venue aujourd’hui d’analyser comment elle se situe dans COBRA, l’un des
mouvements les plus violents et virulents de l’après-guerre, dont RAINE fut l’un des
membres actifs ?
L’oeuvre de RAINE contient dès 1945 et jusqu’à sa disparition les principes
fondamentaux qui ont généré COBRA :
- le décloisonnements des mode d’expression artistique : il fut à la fois poète,
cinéaste et peintre - l’activisme : l’intégralité de sa démarche dit combien ses expérimentations en
art furent, selon l’expression de DOTREMONT, "une guerre permanente". - la spontanéité irrationnelle qui permettrait d’atteindre la source vitale de l’être :
son travail est celui d’un "enfiévré" de l’art. Compagnon de route idéal de Cobra, il se
situe très vite à son extrême limite, au risque délibéré de sa propre disparition. Cette
pulsion d’auto dilution dans l’alcool et dans la peinture, qui lui fait découvrir une
nouvelle occupation de l’espace, n’est pas sans évoquer celle de POLLOCK.
Peintre de la défiguration et du all-over, RAINE est l’un des cas les plus
symboliques et précurseurs de l’art du XXè siècle.
Paradoxalement, il a voulu laisser un message en même temps qu’au retour de
ses années américaines il se retirait avec véhémence de la communication et se
marginalisait.
Aujourd’hui, il reste une oeuvre à découvrir ; Elle est aussi somptueuse et riche
que dérangeante pour ceux de COBRA qui voudraient en oublier l’esprit.