Une invitation au silence.
Masses alignées, appels interminables, multitude acheminée vers la destruction et l’effacement de tout nom. Évocation forte mais pudique, dans un immense respect des victimes. Aux visages et aux corps repliés, reflués en leur mystère intime, répondent ces flammes ténues qui s’obstinent… vacillent… s’éteignent…
Tout ici invite au silence.
Qui es-tu, toi qui regardes ? Un simple passant ? Un héritier de cette histoire au poids sans mesure ? Et quelle histoire lèguerons-nous à notre tour à nos descendants ? Nous faut-il aussi pour exister et vivre d’autres victimes, d’ici ou d’ailleurs ? Allons-nous les recouvrir encore de l’indifférence et du mensonge qui effacent tout nom ? Ou du mutisme venant de l’angoisse en retour qui n’ose se dire ?
Qui es-tu, qui sommes-nous pour être pris dans une histoire où s’avère si fragile la barrière entre l’humain et l’inhumain ? Qui sommes-nous, toi, moi, pour sentir certains jours clairs cette barrière reposer en notre main ?
Tout ici invite au silence.
Silhouette voûtées ou suspendues, nuques courbées, corps décharnés avalés par la nuit la plus noire des consciences… Et pourtant, oui, une étrange tendresse est là qui les enveloppe, comme pour les rejoindre et les accompagner. Regard du peintre à l’écoute du mystère de la vie qui en lui chuchote.
Tout ici invite au silence.
Ingmar Granstedt