A Villefranche
Au 116art, la belle exposition de Jean-Yves Pennec, artiste breton qui depuis plus de 15 ans travaille, comme matériau exclusif de son expression artistique, le cageot. Comme Avril ses pinces à linge et Riba son carton. « Les créations de Pennec sont en forme de labyrinthes cérébraux et nous projettent dans un univers où leur contemplation permet de parcourir des chemins qui vont de la poésie à l’esthétique en passant par une réflexion sur les racines profondes de l’inspiration artistique jusqu’à l’analyse de l’œuvre par des références à l’histoire de l’art immédiate ou plus lointaine. »
A Lyon
Chez Paul Gauzit (Le lutrin, place Gailleton) qui présente à nouveau Marie Breucq, exceptionnelle dessinatrice animalière qui a toujours su troubler nos sens et qui, cette fois, gomme la limite entre le monde végétal et le monde animal. Allez admirer le « cochon » qui vous regarde droit dans les yeux dans l’entrée.
Et rue Burdeau bien sûr où vous trouverez quelques merveilles :
Au 35 : Zwi Milstein chez Anne-Marie et Roland Pallade. Zwi le magnifique, à la fois mémoire et transformation poétique de la mémoire. "Je considère ma peinture comme une peinture expressionniste avec l’influence des peintres comme Bosch, Brueghel, Goya et Soutine". On y est en plein.
Trois magnifiques dessins de Franta chez Françoise Souchaud, pour ceux qui aime l’Afrique et ceux qui aime le bon dessin. Avec trois autres bons artistes.
Au 28 : une terrible galerie est née, l’Atelier 28. Elle ouvre avec brio : une très belle exposition de Bertrand Dorny. Né en 1931, ancien enseignant de gravure aux Beaux-Arts de Paris, l’artiste présente de magnifiques bois flottés, des collages subtiles, de belles sculptures de fonte.
A Paris
A la Maison rouge, du magicien Galbert [10, bd de la Bastille Paris 12ème, à côté de la gare de Lyon], très bel ensemble d’artiste travaillant le néon. Après son heure de gloire dans les années 80 (et jusque dans nos parking sous-terrains lyonnais), le néon poursuit son chemin comme support de nombreux artistes. Postérité de Morellet.
Et au Musée d’art contemporain de la Ville de Paris, Palais de Tokyo, il n’y a pas grand monde à l’exposition des 30 grands formats de Christopher Wool, très grand peintre américain (NY) de la lignée des Pollock, l’un des meilleurs de sa génération, à l’opposé de l’art bling-bling qui aujourd’hui fait fureur à TriBeCa. Tâches, traces, profondeurs, transparences, effacements, mystères vous dis-je !.
A Londres
L’exposition David Hockney à la Royal Academy of Arts.
Les 4 murs de la salle d’entrée sont recouverts de 4 toiles immenses et je mets quelques instants à réaliser qu’elles sont la même représentation de 3 arbres pendant les 4 saisons de l’année. L’idée et la réalisation, colorée et précise, non-réaliste, me plaisent et je me réjouis de voir cette exposition de David Hockney que j’avais retenue sur internet depuis Lyon (car les files d’attente sont très longues) par curiosité plus que par envie.
De janvier à juin 2007, il est retourné dans l’Est du Yorkshire, où il est né, pour accompagner les derniers mois de vie de sa mère. Les bois et les collines de la région de Woldgate l’ont particulièrement inspiré. Il les a parcourus avec un 4x4 surmonté d’une plateforme couverte de 19 caméras prenant des vidéos à 360° qu’il retouchait et montait grâce la conception d’un logiciel de dessin. Ceci a été la base de son travail de peinture exécuté ensuite de mémoire. Je n’ai, à vrai dire, rien compris à la méthode, mais elle fait preuve de la remarquable adaptation d’un peintre de 72 ans à la technique numérique.
J’ai beaucoup aimé les peintures de route passant dans de multiples collines cultivées car les couleurs vives étaient joyeuses et irréalistes comme des promenades de contes de fées, les coupes de bois en hiver avec des troncs d’arbres équarris devenus violets (de froid ?) et l’immense salle de peintures (cadres de 0,80 sur 1,10 environ) narrant la transformation de la région et surtout de ses bois entre janvier et mi-mai 2007.
Cette fin d’hiver et éclosion du printemps en une soixantaine de tableaux dégageaient une nostalgie enthousiaste de l’enfance dans la nature, merveilleuse quand on la revoit au seuil d’un âge avancé. Tout était associations de couleurs vives, même la boue et les clairs-obscurs, de traits précis : paysage enchanté vu par un monsieur presque vieux qui a gardé des yeux d’enfant.
[CF]