Il y a chez Hubert Munier dans le rendu juste, précis, lumineux, le réalisme méticuleux, scrupuleux, avec lesquels il dessine et peint les êtres, les paysages et les choses, dans son fini plastique, le témoignage d’une fascinante admiration pour la Création, plus encore, d’une contemplation, d’une méditation devant elle.
Ses œuvres donnent l’impression, dans leur intense clarté, leur statisme, que l’air s’est retiré de l’espace, que tout écran, même infime, entre notre regard et notre monde a été effacé. Il en résulte la combinatoire de ce qu’il nous amène à accepter comme deux réalités évidentes, la perception ordinaire de notre environnement à laquelle se superpose, s’incarne une vision de l’éternité.
Le temps s’est arrêté, plus aucune tension n’en agite ou tourmente le cours.
Un apaisement, une rémittence, une sérénité, un figement des formes familières illusionnent dans un naturalisme qui paradoxalement conduit à la fantasmagorie.
En effet, l’artiste intègre au quotidien existentiel la transcendance dont il semble bien proche.
Il y a du religieux, plutôt du mystique chez lui et, à son propos, il est aisé de reprendre la pensée de Thomas d’Aquin selon qui toutes les réalités du monde visible sont riches d’une signification plus profonde.
Hubert Munier n’use pas de symboles ou de métaphores pour les exprimer, il se contente de les décrire, d’en révéler les infinis détails, car il appartient à ces rares privilégiés qui savent voir dans chaque personnage, paysage ou chose, leur essence, leur liquidité. Il ne vise pas à saisir une impression fugitive, mais bien à faire sourdre de ses thèmes, au-delà de leur temporalité, leur spiritualité.
La technique illusionniste dans laquelle il excelle n’est pour lui aucunement une fin, mais bien un moyen pour rendre l’au-delà du visible. Aussi, évoquer un hyperréalisme d’école à son égard serait à mon sens une facilité commode, car, en deçà l’acuité de son regard de la sureté de sa main, de sa virtuosité, du climat insolite mais rassérénant qu’il crée par la peinture d’un réel trop réel, il exprime fondamentalement une philosophie que féconde justement son écriture, et sans doute aucun, quelque chose d’autre qu’une philosophie, au-delà de la simple raison, l’intuition, le sacré.
Charles Gourdin
Adjoint chargé des Arts Plastiques et des métiers d’Art, Villeurbanne.