Hubert Munier vit en Beaujolais, un paysage en courbes et contre-courbes, heurté de vallons escarpés et prospères que peigne le piquetage régulier des vignes, dominé de villages d’or et de rouille, qu’habite et maîtrise en tous points l’homme. Mais pour Hubert Munier, l’homme est inquiétant ou médiocre s’il ne tente pas d’échapper à lui-même pour retrouver en une nature élevée et sereine le sens de son destin. Le grand pin dominant la plaine infinie, dans une toile exceptionnelle, est l’image de ce rayonnement sublime et solitaire.
Après s’être cherché dans les voies que lui proposait l’art moderne, de l’abstraction au surréalisme, il a trouvé ses maîtres dans la minutie émerveillée des primitifs italiens, l’effroi romantique de Kaspar David Friedrich, l’immensité originelle des paysagistes du Nouveau Monde. Il lui faut que la terre se perde dans ces cieux, noyé d’azur et surgie hors de ces ciels nés du sol que sont les brumes. Il aime que l’identité toujours répétée de l’herbe et du caillou, de l’arbre et du rocher, infinie et essentielle, soit notre mesure commune.
Par-delà les vignes et sur les hauts escarpements du midi, il y a saisi les impressions passagères et les conserve sur des documents photographiques d’une objectivité sans artifice. Le dessin préalable à la toile lui donne une dimension d’approche, son échelle, le rapport distendu de ses crêtes dans l’égalité finement modulée de lumières de la mine de plomb. Nous restituer les vêtures du silence ; Hubert Munier s’y emploie dans ses toiles en touches fines, superposées une à une, couvrant peu à peu l’identité familière des sillons, des ramées et des roches d’une étrangeté éblouie.
Germain Viatte (Musée Branly), 1974
Biographie
Hubert Munier peintre né en 1948 à Besançon (Doubs), autodidacte, vit et travaille à Beaujeu (Rhône). Il a beaucoup voyagé Japon, Inde, Europe (et dans sa tête, dit-il). Il s’inscrit dans la catégorie des « réalistes » poussant jusqu’à l’extrême son geste peint. Ses sujets sont directement concernés par la Beauté de la nature et du spectacle de la vie dans ce qu’elle a de « paradisiaque ».
Parfois, il : réalise le portrait de ses fils ou de « Annette » sa compagne. Il y a là une poésie reconnaissable des plus personnelles tant Munier dépasse le sujet pour transcender la simple vision du modèle.
Expositions : « La reine Pédauque » (76), Centre d’arts plastiques de Villefranche (77,98), galerie K Lyon, galerie Loeb-Fiac Paris (78), « Ateliers Aujourd’hui » n° 14 - Germain Viatte – Musée National d’Art Moderne Centre Pompidou, galerie Loeb Paris (80,85), « 7e foire d’art actuel » Bruxelles (80), « 13 artistes » salle Saint Jean Hôtel de Ville Paris (81), Salon de Montrouge (82), galerie Le Lutrin-Paul Gauzit Lyon (84,90,93,96), galerie du parc Genève (87), Centre culturel Léonard de Vinci ; Feyzin (88), galerie Jade Colmar (88-89), Vieille église Theizé (90), Little gallery Villefranche-sur-Saône, Espace Baudelaire (92), galerie Guy Crété Paris (93), Hôtel de Ville de Villeurbanne (2000).
Collection:s Musée de Grenoble, Musée de Nuremberg, Musée Nat. d’Art Moderne, Fonds National d’Art Contemporain, Mobilier National, Télécom-Dijon, Coface, Banque Paribas Musée Paul Dini Villefranche-sur-Saône, Bibliographie : « Portraits d’Artistes » éd Le Progrès (1996).
Courtesy : B. Gouttenoire Dictionnaire des peintres lyonnais
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